L’année 2024 marque une hausse significative du nombre de créations d’entreprises au Maroc, témoignant d’une dynamique entrepreneuriale soutenue et d’un environnement des affaires en amélioration. Toutefois, en parallèle de cette progression, le pays fait face à une hausse préoccupante des faillites, mettant en lumière les défis majeurs qui entravent la pérennité des entreprises, en particulier les plus petites.
Un record de créations d’entreprises en 2024
Selon les données du registre du commerce, 95 235 nouvelles entreprises ont été enregistrées en 2024, enregistrant une augmentation de 1,5 % par rapport à 2023. Cette croissance souligne une amélioration continue de l’écosystème entrepreneurial marocain et une volonté affirmée des Marocains à investir et entreprendre.
Les entreprises de type société à responsabilité limitée (SARL) restent le modèle juridique dominant, représentant 64,7 % des nouvelles sociétés, suivies par les SARL à associé unique qui comptent pour 34,5 % des créations.
Sur le plan géographique, la région Casablanca-Settat demeure le moteur économique du pays, concentrant 39,1 % des nouvelles créations. Elle est suivie par les régions de Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra, qui enregistrent 12,4 % chacune, et enfin, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, avec 11,8 % des nouvelles entreprises.
Quels sont les secteurs les plus porteurs ?
Le secteur du commerce arrive en tête des activités privilégiées par les entrepreneurs, représentant 35,1 % des nouvelles entreprises créées. Il est suivi par :
- Le bâtiment et les activités immobilières (19,2 %)
- Les services divers (18,2 %)
- Le transport (8,1 %)
- L’industrie (7,3 %)
- L’hôtellerie et la restauration (5,6 %)
Les secteurs les plus spécialisés, tels que les technologies de l’information (2,8 %) et les services financiers (2 %), restent encore marginaux. L’agriculture et la pêche, bien que stratégiques pour l’économie, ne représentent que 1,7 % des nouvelles entreprises.
Un revers inquiétant : l’explosion des faillites
Si la hausse des créations d’entreprises reflète un climat d’affaires dynamique, la multiplication des faillites alerte sur les difficultés persistantes que rencontrent les sociétés marocaines.
En 2023, pas moins de 14 245 entreprises ont été déclarées en faillite, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2022. Cette tendance préoccupante devrait se poursuivre en 2024 et 2025, selon le Conseil économique, social et environnemental. L’étude prévoit 16 100 faillites pour 2024, un chiffre qui montre la fragilité du tissu entrepreneurial marocain.
Les principales causes de faillite
Les petites entreprises sont les premières victimes de cette crise : 98,7 % des faillites concernent des très petites entreprises (TPE), tandis que les PME représentent 1,26 % et les grandes entreprises seulement 0,06 %.
Parmi les raisons principales de cette vulnérabilité, le rapport du Conseil économique et social pointe :
- Un manque de financement : l’accès au crédit reste difficile pour de nombreuses TPE.
- Des compétences limitées en gestion : de nombreux entrepreneurs manquent de formation en gestion administrative et financière.
- Un manque d’accompagnement : les dispositifs de soutien et de conseil aux entreprises restent insuffisants.
- Des conditions de marché difficiles : la concurrence accrue, la volatilité des prix et la pression fiscale pèsent sur les entreprises.
- La domination des micro-entreprises : 88 % des sociétés créées sont des TPE, souvent trop fragiles pour résister aux chocs économiques.
Les secteurs les plus touchés par ces faillites sont :
- Le commerce
- L’immobilier et la construction
- Les services et l’industrie
Un défi pour l’avenir: comment garantir la viabilité des entreprises ?
Face à cette double réalité d’une forte dynamique entrepreneuriale mais d’une fragilité structurelle des entreprises, des mesures urgentes s’imposent. Il devient crucial de renforcer les dispositifs de soutien financier, d’améliorer l’accompagnement administratif et stratégique des nouvelles entreprises et d’adopter des politiques de prévention des faillites.
Si l’essor des créations d’entreprises témoigne d’un climat des affaires encourageant, la pérennité du tissu entrepreneurial marocain reste une priorité pour garantir un développement économique durable et inclusif.