L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont annoncé jeudi être parvenus à un « accord de paix » à l’issue de négociations visant à résoudre le conflit qui les oppose depuis des décennies. Cette avancée diplomatique marque potentiellement la fin d’une des plus longues disputes territoriales de l’ère post-soviétique.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Jeyhun Bayramov, a déclaré aux journalistes que « le processus de négociation sur le texte de l’accord de paix avec l’Arménie est achevé ». Dans la foulée, le ministère arménien des Affaires étrangères a publié un communiqué confirmant que « l’accord de paix est prêt à être signé » et que « la République d’Arménie est prête à entamer des consultations avec la République d’Azerbaïdjan concernant la date et le lieu de signature ».
Des tensions persistantes malgré l’accord
Malgré cette avancée significative, les relations entre les deux pays restent marquées par la méfiance. Dans son communiqué, l’Arménie a critiqué l’Azerbaïdjan pour avoir fait une annonce « unilatérale », alors qu’Erevan aurait préféré une déclaration « conjointe », illustrant ainsi les tensions qui persistent entre les deux capitales du Caucase.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères a précisé que « l’Arménie a accepté les propositions de l’Azerbaïdjan concernant les deux articles du traité de paix » qui restaient en suspens. En janvier dernier, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait annoncé des progrès significatifs, tout en soulignant que deux points de l’accord demeuraient bloqués.
Un conflit territorial enraciné dans l’histoire
Bakou et Erevan se sont affrontés dans deux guerres pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, territoire azerbaïdjanais majoritairement peuplé d’Arméniens. Le premier conflit a éclaté après l’effondrement de l’Union soviétique et s’est soldé par une victoire arménienne. Le second, en 2020, a vu l’Azerbaïdjan reprendre une grande partie des territoires perdus, avant que Bakou ne s’empare de l’ensemble de l’enclave lors d’une offensive éclair de 24 heures en septembre 2023.
Depuis leur indépendance de l’Union soviétique en 1991, les deux pays ont connu plusieurs affrontements frontaliers. La Russie, l’Union européenne et les États-Unis ont tous tenté de jouer les médiateurs pour résoudre ce conflit persistant.
Les exigences azerbaïdjanaises
Grâce à son alliance avec la Turquie, l’Azerbaïdjan attend de son voisin arménien qu’il modifie sa constitution, particulièrement en ce qui concerne la déclaration d’indépendance et ses références au Haut-Karabakh. Cette demande reflète la détermination de Bakou à consolider sa souveraineté sur l’ensemble des territoires qu’elle considère comme faisant partie intégrante de son territoire national.
Les négociations bilatérales se sont étendues sur plusieurs années, avec des périodes alternant entre progrès et tensions accrues. Cet accord, s’il est finalisé, pourrait marquer un tournant décisif dans les relations entre ces deux nations du Caucase et apporter une stabilité durable dans une région historiquement volatile.