Dans une interview récente accordée à un journal tunisien, Nabil Ammar, ministre des Affaires étrangères tunisien, a réagi au débat sur l’avenir de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Cette réaction intervient après les réunions tripartites entre l’Algérie, la Tunisie et le Conseil présidentiel libyen. Ammar a précisé que ces rencontres ont un caractère consultatif et visent à améliorer les relations et à renforcer la coopération par de nouveaux plans d’action favorisant le développement et le partenariat stratégique.
Il a souligné que ces réunions s’inscrivent dans une volonté commune des dirigeants des trois pays de renforcer la concertation et la coordination face aux défis sécuritaires, à l’immigration clandestine et à la criminalité transfrontalière. Ammar a ajouté que cette initiative cherche à établir des relations respectueuses avec d’autres pays et blocs régionaux et internationaux, tout en restant ouverte à toute volonté politique sincère pour enrichir le travail collectif, en évitant les politiques de blocs et les ingérences extérieures.
Ammar a également affirmé que cette initiative tripartite ne constitue pas une alternative à l’UMA, mais plutôt un complément. L’UMA reste une option stratégique et un acquis civilisationnel que la Tunisie et les autres pays membres cherchent à concrétiser malgré les difficultés.
Des observateurs estiment que les questions abordées par cette démarche concernent l’ensemble du Maghreb, et non seulement les trois pays impliqués. Ils soulignent l’inutilité de telles réunions en présence d’un cadre régional capable de répondre aux défis communs. Tenter d’exclure un acteur régional comme le Maroc ne contribuera pas à des solutions durables.
Lahcen Agrtite, expert en relations internationales, a déclaré que toute initiative unilatérale, quelles que soient ses intentions, affecte négativement la région maghrébine. Il a rappelé que l’UMA existe pour traiter collectivement des dossiers communs. Exclure ce cadre soulève des questions, car la géographie partagée impose une gestion commune des défis.
Borak Chadi Abdel Salam, expert en gestion de crise, a noté que la diplomatie tunisienne a récemment perdu son orientation régionale sous l’influence de l’Algérie. Il a ajouté que l’UMA reste le seul cadre efficace pour discuter des questions maghrébines. Selon lui, contourner l’UMA affaiblit les efforts des pays maghrébins pour mettre en œuvre le traité de Marrakech et propose des solutions inadaptées aux défis régionaux et internationaux.