Les élections présidentielles anticipées du 7 septembre en Algérie ont mis en lumière une fracture profonde entre le pouvoir en place et la population. Abdelmadjid Tebboune, président réélu, a orchestré une élection qui a exclu des figures politiques crédibles et respectées telles que Zoubida Assoul et Saida Naghza. Ce choix délibéré d’écarter toute opposition sérieuse a conduit à une élection triangulaire où les candidats en lice étaient méconnus du grand public et étroitement contrôlés par le régime.
En refusant de libérer l’espace médiatique et en limitant les débats politiques, Tebboune a verrouillé l’ensemble du processus électoral. Aucun débat de fond n’a eu lieu, aucune analyse critique de son bilan n’a été autorisée, et les appels à des réformes politiques et à la libération des prisonniers politiques sont restés lettre morte. Cette stratégie de marginalisation de l’opposition et d’étouffement du débat démocratique témoigne d’une volonté ferme de maintenir le statu quo.
Les résultats de cette élection, largement contestée, ont révélé l’ampleur du malaise entre le régime et le peuple algérien. La réélection de Tebboune, malgré son impopularité et les nombreuses contestations qui ont marqué son premier mandat, a intensifié le sentiment de rejet de la population, déjà profondément désillusionnée par l’absence de réformes politiques et sociales significatives.
L’Algérie se trouve aujourd’hui à un tournant critique de son histoire. Le silence apparent de la population ne doit pas être interprété comme une acceptation de l’autoritarisme croissant du régime. Au contraire, il reflète une tension croissante, un calme inquiétant qui pourrait bien précéder une tempête de contestation plus violente si les aspirations légitimes des Algériens continuent d’être ignorées.
Les défis qui se dressent devant l’Algérie sont immenses. Sur les plans économique, social et politique, le pays est confronté à des crises multiples qui nécessitent une réponse audacieuse et inclusive. Le pouvoir en place, s’il souhaite éviter l’éclatement d’une nouvelle vague de protestations, doit impérativement engager des réformes profondes, libérer le champ politique et entamer un dialogue sincère avec toutes les forces vives de la nation.