À Rabat, les expropriations en cours dans les quartiers Océan et Sania Gharbia soulèvent de nombreuses interrogations. Entre l’absence de transparence, les méthodes employées et l’incertitude sur l’avenir des terrains concernés, élus et habitants dénoncent une situation où l’arbitraire semble prendre le pas sur les règles légales d’urbanisme.
Une vague d’expropriations aux contours flous
Depuis plusieurs semaines, les riverains des quartiers Océan et Sania Gharbia assistent, impuissants, à la destruction de leurs habitations. Le plan d’aménagement urbain, publié au Bulletin officiel en février dernier, sert de cadre officiel à ces opérations. Pourtant, les raisons précises de ces expropriations et les projets à venir restent opaques.
La Fédération de gauche démocratique (FGD), par la voix de ses élus locaux, dénonce des irrégularités manifestes dans la mise en œuvre du plan. Selon Omar El Hyani, élu FGD au Conseil communal de Rabat, plusieurs zones ont été évacuées avant même la publication officielle du texte, une procédure contraire aux obligations légales.
L’élu souligne que l’absence d’une enquête publique préalable constitue une faille importante, notamment en ce qui concerne l’élargissement des routes et le sort réservé aux expropriés. « Nous n’avons aucune documentation officielle indiquant qu’un projet socioéconomique va voir le jour avec la participation des propriétaires expropriés », affirme-t-il, dénonçant un processus opaque.
Un quartier historique menacé ?
Le quartier Sania Gharbia, situé à proximité de la médina de Rabat, revêt une importance historique. Il constitue la première extension construite hors des murailles de la ville pour la population musulmane, alors que la partie moderne était à l’origine réservée aux Européens.
Selon Omar El Hyani, la majorité des habitations de ce quartier sont solides, légales et possèdent des titres de propriété. Pourtant, certains propriétaires ont été contraints de quitter les lieux, parfois sous la pression d’instructions venues d’en haut, sans véritable justification écrite.
Les visites des autorités locales, notamment du pacha de Hassan, ont été perçues comme des ordres d’évacuation déguisés, sans base légale claire, ajoute-t-il.
Qui profite de ces expropriations ?
Une question demeure : qui est réellement derrière ces opérations ?
Si certaines familles ont accepté de vendre leurs biens, les montants proposés varient selon leur statut foncier. Les propriétaires enregistrés auprès de la conservation foncière ont reçu des offres de 13 000 DH/m², tandis que ceux disposant de titres de propriété adoulaires se sont vus proposer 10 000 DH/m².
Cependant, l’identité des acheteurs reste un mystère. « Personne ne sait précisément qui rachète ces terrains, et les propriétaires n’ont toujours pas touché leurs indemnités », souligne Omar El Hyani.
L’élu soupçonne que des investisseurs privés tentent de prendre position sur cette zone côtière très prisée, ce qui soulève un problème majeur : l’État ne peut pas exproprier des biens privés au profit d’acteurs privés.
Une menace pour d’autres quartiers ?
Si la situation actuelle concerne principalement Océan et Sania Gharbia, d’autres zones pourraient suivre. Le cas de Douar El Aaskar en est un autre exemple, où des familles ont été déplacées sans solution de relogement adaptée.
Pour Omar El Hyani, cette vague d’expropriations pourrait s’élargir et toucher l’ensemble de la côte rabatie. Il met en garde contre une urbanisation incontrôlée qui mettrait en péril le tissu social et l’équilibre économique des habitants.
Face à cette incertitude, les élus de la FGD encouragent les habitants à saisir la justice pour contester la légalité de ces expropriations. « L’expropriation ne peut être justifiée que dans un cadre d’utilité publique : construction de routes, écoles, hôpitaux… Pas pour des intérêts privés », rappelle-t-il.
Quelle suite pour les habitants ?
Alors que les démolitions se poursuivent et que les informations officielles font défaut, l’inquiétude grandit parmi les habitants des quartiers concernés. L’absence de garanties claires sur l’avenir des terrains renforce un climat de défiance et de frustration.
Face à cette situation, les Rbatis s’interrogent :
– Quel sera le véritable usage des terrains expropriés ? S’agit-il de projets d’utilité publique ou d’une privatisation déguisée ?
– Les habitants concernés seront-ils relogés dans des conditions dignes et adaptées à leur mode de vie ?
– Pourquoi tant d’opacité autour des acheteurs et des montants proposés ? Qui profite réellement de ces opérations ?
– D’autres quartiers emblématiques de la capitale sont-ils menacés par cette vague d’expropriations ?
Autant de questions qui restent sans réponse, alors que l’avenir de ces zones et de leurs habitants demeure incertain.
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La persistance de cette opération de démolition soit bien sanctionnée par l’indemnisation de tous les habitants touchés par cette destruction à des prix bien même élevés que ceux décrits.Source de calmer l’inquiétude des personnes touchées vu la situation actuelle de vie qui s’accélère le jour au jour .