La question de l’énergie, nerf de la guerre.
Les pays occidentaux peuvent bien s’abriter derrière le parapluie de l’OTAN , sous commandement américain , ou dans le moule de l’Union Européenne , il n’empêche que dès qu’il s’agit de la course aux contrats d’armements ou de la construction de nouvelles sources d’énergie il n’est plus question d’union ou de communauté internationale mais d’une course , voire même d’une guerre où chacun cherche à préserver ses propres intérêts par tous les moyens .
Cependant , par la force de la géopolitique , ces pays n’hésitent pas à se mettre à plusieurs , ou plutôt certains n’hésitent pas à user et abuser de désinformation auprès de leurs opinions publiques et à manipuler d’autres pays pour les convaincre de les suivre dans des croisades ou des guerres où le seul vrai enjeu est le pétrole ou le gaz .
C’est ainsi qu’une coalition d’une cinquantaine de pays s’était acharné contre l’Irak de Saddam Hussein sous le fallacieux prétexte que ce dernier disposait d’armes chimiques de destruction massive et que son armée était la cinquième au monde .
Il sera même question après la chute du dictateur de Baghdad de diviser l’Irak en trois Républiques , une idée et un dossier ficelés par un sénateur américain du nom de Joe Biden !
Des années plus tard , l’administration américaine sortira son projet de nouveau moyen orient , et puis les premières étincelles du présumé printemps arabe laisseront la place à une tumultueuse et très instable géopolitique du chaos dans différentes régions du monde arabe et musulman .
Sans oublier la prétendue lutte contre le terrorisme qui a servi d’alibi à l’intervention américaine en Afghanistan .
Des barils de poudre et de pétrole !
Même chose en Libye où il n’était plus question de laisser autant de gaz entre les mains de Kadhafi et sa famille puisqu’il fallait faire main basse sur les puits de pétrole et de gaz de Tripoli .
En Syrie , même si la tentative de démanteler le régime de Bachar el-Assad a échoué avec Daech , les frappes aériennes d’Israël , du Pentagone et même de la France , les Occidentaux ont en ligne de mire les réserves en gaz et en pétrole de la Syrie .
Même chose en ce qui concerne L’Iran , et ces dernières 48 heures Washington s’est déclaré prêt à toutes les options et Israël de menacer d’intervenir si les Mollahs s’entêtent à se doter de l’arme nucléaire !
Là aussi , le nucléaire n’est qu’un prétexte pour s’en prendre à l’Iran , mais comment se fait- il que les Occidentaux n’arrivent pas à comprendre que tant que la République Islamique se sentira menacée , y compris par l’embargo et les injustes et injustifiées sanctions économiques américaines les maîtres de Téhéran feront tout pour se doter de l’arme fatale d’un côté pour se protéger et de l’autre comme force de dissuasion !?
Il y a quelques jours , le président français faisait savoir que d’ici 2030 la France devra se réengager dans le nucléaire pour retrouver son indépendance et sa souveraineté énergétique .
Un ambitieux programme qui permet à Macron de détourner une partie de l’électorat de Marine le Pen et de Éric Zemmour qui font du souverainisme leur cheval de bataille .
Vivement l’après-pétrole !
Il faut savoir qu’avec l’exacerbation de la crise du gaz en Europe et des prix de l’électricité qui risquent d’exploser cet hiver chez de nombreuses pays européens , un pays comme l’Espagne a absolument besoin du gaz algérien .
Mais , il n’y a pas que l’Espagne puisque tous les pays de l’espace européen sont concernés y compris ceux de l’ex- bloc communiste .
Certes , le président Poutine a promis début octobre de redoubler l’approvisionnement en gaz russe des pays européens , mais c’est de bonne guerre et l’objectif poursuivi par le Kremlin est celui de damer le pion à Washington qui n’arrête plus de saboter le projet de Gazoduc Nordstream2 en sanctionnant les entreprises européennes qui contribuent à sa conception
Les américains qui sont devenus depuis une dizaine d’années producteurs de pétrole à base de gaz de schiste voient d’un très mauvais oeil le repositionnement géo- stratégique des Russes sur l’échiquier énergétique en Europe .
Toujours à propos de la Russie , l’accélération du partenariat avec l’Algérie en ce qui concerne l’énergie et l’armement , ainsi que les récentes interventions au Mali des milices de Wagner , commandos du Kremlin , agacent au plus haut point les responsables français qui espéraient avoir une sorte de droit de tutelle sur Alger , et qui se demandent surtout s’ils pourront compter sur l’appui de l’armée américaine au Sahel surtout que l’armée algérienne aurait refusé de prêter main forte à la France au Mali, au Tchad et au Niger .
A la veille du soixantième anniversaire de l’indépendance du voisin algérien , la récente escalade entre Paris et Alger n’est absolument pas une question de rente mémorielle chez les généraux ou de rente électorale chez Macron , même si ce dernier n’a pas cessé de faire les yeux doux aux harkis et à leurs descendants ces dernières semaines , mais d’une lutte acharnée pour sauvegarder l’influence et la présence militaire française dans le Sahel que d’autres puissances ,dont la Russie et peut-être les Etats-Unis, vont contester .
Chez nous au Maroc , les récentes tensions avec l’Espagne , la France et l’Allemagne ont un rapport certain avec la découverte de minéraux dans le littoral sud du Royaume , et bien sûr la cupidité de ces pays prédateurs les a sans doute laissé croire que ces richesses devaient leur revenir de droit !
Vu l’insécurité qui sévit au Sahel , une instabilité qui reste entretenue par la France qui entraîne des bandes terroristes non loin de la frontière algérienne , toute la question est de savoir si Paris va pouvoir bénéficier de l’appui de l’armée américaine ou si c’est un véritable bourbier qui risque d’exploser avec les français , les Russes , les américains et peut être même les algériens et les Turcs .
Les américains n’ont émis aucun signal à ce sujet , mais vu ce qui vient de se passer avec les AUKUS dans la région Indo- pacifique et l’affaire des sous-marins , il est permis d’en douter et de craindre le pire .
Autant dire que cela va chauffer terriblement pour le gaz et le pétrole algériens , mais également pour l’uranium et les autres minerais dont regorge le sous- sol des pays du Sahel , sans oublier le pétrole du Nigeria avec les terroristes de Boko Haram , et le moyen et proche orient où les barils de poudre et de pétrole cohabitent dangereusement .
Vivement l’après-pétrole !
Hafid Fassi Fihri
LODJ.MA
