Depuis dimanche dernier, l’Algérie a officiellement adopté une nouvelle orientation vers le tout militaire, à la suite de la publication d’un décret présidentiel. Ce décret permet aux hauts gradés de l’armée algérienne en activité d’occuper, sous forme de détachement, de hautes fonctions civiles au sein des administrations et institutions publiques. Cette mesure soulève des questions sur un éventuel compromis du président sortant, Abdelmadjid Tebboune, avec les généraux pour garantir sa candidature à un second mandat.
À deux mois de l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre 2024, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a signé le décret présidentiel n° 24-218 du 21 Dhou El Hidja 1445 correspondant au 27 juin 2024. Ce décret fixe les conditions et les modalités de placement des personnels militaires de carrière et contractuels en position de détachement auprès des administrations civiles publiques. Officiellement, les militaires en fonction pourront occuper tous les postes de responsabilités au sein des administrations civiles publiques. Ils garderont leur statut de militaires, leurs salaires, leurs régimes ou avantages sociaux. La loi militaire continuera de s’appliquer sur eux, et seul le ministère de la Défense Nationale pourra les évaluer, les juger, les sanctionner, financer leurs formations ou les autoriser à se déplacer à l’étranger. Cela représente une militarisation de la gestion des administrations civiles et publiques qui suscite des interrogations légitimes.
La célèbre phrase «Les pays ont une armée, en Algérie, c’est l’armée qui a un pays» semble plus pertinente que jamais. Le décret, signé le 27 juin 2024 et publié le 8 juillet 2024, marque un tournant avec la militarisation ouverte de l’administration publique. Les généraux et officiers supérieurs pourront désormais occuper des postes stratégiques, renforçant ainsi l’emprise militaire sur le pays.
Ce texte de 27 articles, plein d’opacité, ne précise ni les fonctions civiles spécifiques que les militaires peuvent occuper, ni les motivations derrière cette militarisation. Historiquement, l’Algérie a toujours été dirigée par des militaires, sauf quelques rares exceptions. Le mandat de Tebboune n’a pas échappé à cette règle, avec une influence militaire omniprésente dans l’administration.
Les généraux, en opposition à un second mandat de Tebboune, ont utilisé diverses tactiques pour déstabiliser son gouvernement. Ce décret pourrait représenter une concession majeure de Tebboune aux généraux pour assurer sa réélection. En plaçant des militaires à la tête de secteurs sensibles, l’objectif est de minimiser les contestations populaires potentielles.
Cette mesure, bien que critiquée pour son impact sur la gouvernance civile, profite aux généraux en leur offrant des avantages financiers substantiels. Pour Tebboune, c’est un compromis pour prolonger son mandat, malgré les défis futurs.
«Les pays ont une armée, en Algérie, c’est l’armée qui a un pays». Tout est dit !!