Étonnamment, les résultats du recensement 2024 du Royaume du Maroc, bien qu’imposants par leur précision et leur ampleur, révèlent un silence troublant : aucune donnée n’est disponible concernant les personnes en situation de handicap. Alors que des statistiques détaillées nous informent sur les naissances, les structures familiales ou les migrations internes, les citoyens vivant avec un handicap semblent exclus de cet exercice fondamental.
Cette omission pose des questions cruciales. Combien de Marocains sont porteurs de trisomie 21 ? Combien utilisent un fauteuil roulant ? Combien vivent avec l’autisme ou d’autres formes de handicap physique ou mental ? Ces chiffres, bien plus que des données, sont des outils essentiels pour bâtir une société inclusive. Sans eux, il est impossible de concevoir des infrastructures accessibles, de planifier des politiques publiques adaptées ou d’allouer des ressources nécessaires à leur inclusion.
Dans un monde où les grandes métropoles se développent autour de l’accessibilité et de la durabilité, laisser cette partie de la population dans l’ombre statistique revient à nier leur existence. Pourtant, les sciences, qu’il s’agisse de la médecine, de la sociologie ou de la démographie, montrent clairement que les besoins spécifiques d’une société ne peuvent être compris qu’à travers une analyse rigoureuse et complète.
Si les taux de natalité baissent, le vieillissement de la population et l’évolution des diagnostics médicaux laissent supposer une augmentation des besoins liés au handicap. En ignorant ces réalités, le Maroc risque de compromettre non seulement l’équité sociale, mais aussi la qualité de sa démocratie. Car comment une nation peut-elle se dire inclusive si elle ne reconnaît pas tous ses citoyens ?
Ce constat ne se veut pas critique, mais une opportunité pour aller plus loin. Intégrer le handicap dans les prochains recensements serait un pas décisif vers un Maroc où chacun a sa place et peut participer pleinement à la construction de l’avenir collectif. Un avenir où aucune voix ne serait oubliée, et où la diversité serait enfin perçue comme une force.
Ce n’est qu’à travers cette démarche responsable et visionnaire que le Royaume pourra relever le défi de l’inclusion, en transformant ses ambitions en actions concrètes. Le silence statistique ne doit plus être une option.
Par Paul Mamere
journaliste Franco-Marocain et ambassadeur de l’inclusion
Merci chers lecteurs pour votre confiance et votre engagement citoyen
Merci d’avoir relever cet oubli qui sera prévu dans le prochain recensement pour ne pas exclure aucun citoyen Marocain.
Bravo pour votre discours, Paul Mamère ! Vous avez brillamment mis en lumière l’importance cruciale de rendre visibles les personnes en situation de handicap. Les données, c’est le pouvoir. En les rendant visibles, nous pouvons enfin mesurer l’ampleur des besoins, ajuster nos politiques et construire un Maroc plus inclusif. Votre plaidoyer est un rappel que les chiffres ne sont pas que des nombres, mais des vies, des histoires, des aspirations.
Merci Paul Mamere de votre pertinent article et de votre légitime intérrogation. Le questionnaire du recensement semble contenir une composante relative à cette question , sauf que tous les résultats n’ont pas encore été tous communiqués
Votre phrase « Le silence statistique ne doit plus être une option. » a résonné en moi. Elle m’a rappelé l’importance de donner une voix à ceux qui n’en ont pas.
Comment pouvons-nous prétendre construire une société juste et inclusive si nous ne comptons pas tous ses membres ?
Merci pour votre engagement, qui nous inspire tous à agir.
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