En l’espace de quelques heures, le Sénégal et le Tchad, deux partenaires historiques de la France, ont exigé le départ des militaires français de leur sol. Ce double coup de théâtre marque une étape supplémentaire dans la redéfinition des relations entre Paris et ses anciens alliés africains, tout en profitant à l’influence grandissante de la Russie sur le continent.
Une rupture en faveur de la souveraineté nationale
Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a justifié cette décision en affirmant que la souveraineté de son pays n’était plus compatible avec la présence de bases militaires françaises. Au Tchad, le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a annoncé la fin de l’accord de coopération en matière de défense avec Paris, une décision symbolique pour un pays qui était jusque-là le dernier bastion des forces françaises dans le Sahel.
Ces annonces interviennent alors que Jean-Marie Bockel, envoyé spécial du président Macron, venait tout juste de présenter un rapport préconisant une réorganisation du dispositif militaire français en Afrique. Mais cette initiative, perçue comme trop tardive et mal ajustée aux attentes locales, a été éclipsée par la prise d’initiative des dirigeants africains.
Une opportunité pour la Russie
Au-delà de la souveraineté nationale, cette décision est un levier stratégique pour renforcer les liens avec Moscou. Le Tchad et le Sénégal ont intensifié leurs échanges avec la Russie ces derniers mois. Des observateurs, tels que l’opposant tchadien Succès Masra, ont même évoqué la présence des mercenaires du groupe Wagner sur le territoire tchadien. Dans ce contexte, le départ des troupes françaises s’apparente à une victoire symbolique pour la Russie, qui voit son influence s’étendre à de nouveaux horizons.
La France en pleine remise en question
Pour Paris, ce double revers met en lumière l’échec de sa politique africaine, déjà mise à rude épreuve par le retrait forcé de ses troupes au Mali, au Burkina Faso, et au Niger. L’incapacité de la France à s’adapter aux nouvelles dynamiques du continent, couplée à une perception négative de sa présence militaire, alimente un sentiment de rejet croissant.
Le timing de l’annonce tchadienne, peu après la visite du ministre Jean-Noël Barrot, a accentué l’embarras de Paris. Wolfram Lacher, analyste au think tank SWP, résume la situation en une phrase : « C’est une gifle symbolique et un nouvel échec de la politique française en Afrique ».
Vers une page tournée
Pour Mahamat Idriss Déby Itno, président du Tchad, cette décision peut aussi servir un objectif politique interne, à quelques semaines des premières élections législatives depuis 2015. À Paris, l’Elysée se retrouve face à un dilemme : comment préserver son influence sur un continent où ses actions sont de plus en plus perçues comme intrusives et inefficaces ?
Dans un contexte où la Russie s’impose progressivement comme un nouvel acteur clé, la France devra non seulement revoir sa stratégie, mais également regagner la confiance des peuples africains, désormais davantage maîtres de leur destin.
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Impatient de voir les résultats après quelques années de présence russe 🙂
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