Le gîte de la cathédrale est en lui-même une aventure, la soirée était super chaleureuse de part l’accueil, le dîner et la cheminée, mais il reste un gîte, dont l’équipement est à parfaire par rapport à nos attentes et aussi suite à la basse température de cette période à cet endroit. Nous avions droit à des chambres de 5 personnes, pas de chauffage ou presque, l’eau ne coulait pas des robinets à cause du froid. Chacun de nous cherchait la solution pour faire face à cette température, quant à moi j’ai mis tous les vêtements disponibles, puis je me suis enveloppé de 4 couvertures, et malgré cela à chaque fois que je bouge dans mon lit j’avais l’impression d’être sur de la glace. Une soirée particulièrement sympathique surtout lorsque nous avons passé en revue toutes les blagues possibles et inimaginables jusqu’à ce que le sommeil nous gagne.
Au réveil, toujours pas d’eau, nous étions obligés de chercher l’eau depuis une grande citerne chauffée à l’extérieur pour faire notre toilette. Une sacrée expérience qui rejoint et dépasse même notre esprit d’aventure.
Heureusement un petit déjeuner copieux nous attendait, que des produits naturels fait sur place, un thé chaud, des œufs et du beurre beldi, des mellaouis et du pain direct du four.
L’heure du départ a sonné et nous avons pris la direction de zaouiat Ahensal pour pouvoir arriver à Ait Bouguemaz, notre prochain point de chute.
En sortant du gîte, il fallait traverser les montagnes de la région sur une piste difficile mais pleine de belles vues panoramiques, des forêts denses à perte de vue.
Après une petite heure de conduite à l’intérieur de cette jungle, l’une des voitures nous signale son manque de carburant. Quelle catastrophe, on s’arrête tous à côté d’un espace verdoyant puis on a compris que nous avons une faille dans l’organisation, à cet instant on a rajouté une procédure carburant, chaque matin avant le départ on doit passer ensemble et systématiquement à la station la plus proche. Ce jour-là nous avons perdu 2 heures le temps que la voiture en question aille faire le plein. Ils n’ont trouvé aucune station à proximité, par contre, plusieurs marchands de carburant clandestins proposaient du diesel, l’équipage n’a pas eu d’autres choix que d’accepter leur aide.
Quant à nous, nous avions deux heures pour apprécier, photographier et découvrir ce paysage époustouflant.
On reprend notre piste en continuant de serpenter ces montagnes sauvages, une végétation denses et de l’eau qui ruisselle par endroit et cristallisé dans d’autres à une altitude de 2280 m, une multitude de virages à 90 degrés jusqu’à ce que nous aperçûmes de loin le village Zaouiat Ahensal.
Bien encastré entre montagnes et ravins, le village est constitué de maisons en terre camouflées et éparpillées sur les décentes des montagnes du Haut Atlas, les villageois, principalement les femmes, malgré les conditions difficiles de la région ont su transformer leur quotidien en richesse économique. Plusieurs coopératives se sont formées autour de deux ingrédients phares: le Safran et le Thym. Une mini industrie qui a réussi à générer plusieurs emplois et des échanges commerciaux dépassant le million de dirhams. Leur activité commence depuis la plantation, puis, le suivi, la cueillette, la finition et l’emballage, toute la chaîne est maîtrisée. Zaouiat Ahensal est l’un des premiers villages à avoir bénéficié du raccordement électrique.
À la sortie du village en direction d’AïtBouguemaz, la nature a complètement changé son blouson, les forêts et la verdure sont devenues des plateaux arides couverts de neiges des panoramas venus d’ailleurs, une autre planète bien différente.
La route était magique tout le long du trajet, on est arrivé à destination une heure avant le coucher du soleil.
Ait Bouguemaz appelée aussi la vallée heureuse, c’est une vallée verdoyante étendue sur plusieurs kilomètres, une trentaine, considérée comme la plus vaste vallée d’altitude du haut atlas. Elle contient d’impressionnantes traces de dinosaures qui occupaient la région il y a plus de un million d’années. Son nom berbère veut dire les gens du milieu.
Une fois sur place, on voulait faire un peu de franchissement 4×4 avant de rejoindre notre auberge.
Je vous raconterai cette petite mésaventure dans le prochain article, une crevaison sans roue de secours au milieu d’une piste montagnarde.