Alors que les regards de la communauté internationale sont tournés versle Pacte MondialpourdesMigrations Sûres,OrdonnéesetRégulières
En 2018, ces flux de migrants ont connu une nette croissance. Le Maroc est devenu alors un point de passage privilégié pour les réseaux de trafic humain.
Dans les plages de Nador et de Tanger en Méditerranée, 33.000 personnes ont réussi la traversée vers l’Espagne. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 329 personnes y ont trouvé la mort. Il faut ajouter à ces chiffres, les centaines de migrants qui ont forcé les frontières terrestres entre le Maroc et l’Espagne, à Ceuta et Melilla durant l’année en cours.

C’est un record de traversées réussies, jamais égalé depuis les 5 dernières années.
Le Maroc ne peut les retenir sur son territoire
Bien que la surveillance des frontières soit une priorité pour les autorités marocaines, le gouvernement affirme qu’il ne peut pas être le gendarme de l’Europe et de ce fait, n’accepte pas l’installation des centres d’accueil européens pour migrants sur territoire.
Le trafic de migrants est devenu une activité prospère au Maroc, dans un pays qui refuse de devenir une plaque tournante pour les réseaux de trafic.
La stratégie de lutte contre ces réseaux menée par le royaume est confrontée à un laxisme des partenaires régionaux et internationaux.
Trafic humain
Entrer illégalement à l’union européenne à partir du Maroc n’est pas une nouvelle en soi. Mais il s’est nettement intensifié au cours des derniers mois, avec l’aide de réseaux de passeurs organisés qui acheminent les candidats marocains, subsahariens et asiatiques du Maroc vers l’Europe.
Plusieurs individus ont été victimes de l’arnaque des « Tchiamos »
C’est ainsi qu’on appelle ces trafiquants qui vendent l’eldorado européen à prix variables selon le mode du voyage, la nationalité du candidat, son âge et le point de départ. En règle générale, les migrants s’organisent en convois plus ou moins homogènes. Le prix d’une traversée varie de 6000 à 60000 dirhams.
De nos jours, la majorité des migrants ne peuvent réussir l’entrée, la sortie du territoire ou assurer le séjour illégal, sans avoir recours aux moyens de transport ou aux lieux d’hébergement offerts par les trafiquants.
Les réseaux du trafic des migrants se sont développés sur les routes commerciales déjà bien établies et dans les espaces frontaliers, impliquant des acteurs et fonctionnaires qui organisent la circulation des personnes entre le Maroc et les pays limitrophes.
Des réseaux sophistiqués
Le trafic de migrants peut prendre de nombreuses formes organisationnelles. Les réseaux sont complexes mais flexibles. Les coalitions sont gérées par des accords contractuels et des interactions répétées.
Les organisations s’adaptent aux restrictions imposées par les gouvernements. Au Maroc, les frontières abritent une variété de réseaux de trafic allant des cartels internationaux du crime organisé aux simples pêcheurs traditionnels.
Les groupes qui transportent un grand nombre de personnes ont une organisation complexe. Cela semble être le cas de la plupart des réseaux marocains dans les villes d’Oujda, Tanger, Nador, Hoceima , Asilah , Moulay bouselham, Rabat , Salé et Casablanca . À ceux-là, on rajoute la filière des contrats de travail en Europe.
Les réseaux qui facilitent la migration illégale vers, depuis et à travers le Maroc semblent être extrêmement flexible. Différentes formes d’organisation et de modes opératoires existent.
Par ailleurs, les réseaux du passage illégal opérant par voie de terre, vers Ceuta et Melilla, ne sont pas hiérarchisés, et les taches sont encore moins définies que ceux qui œuvrent dans le trafic de migrants par la mer et par voie aérienne.
Les personnes qui désirent atteindre l’Europe prennent le risque du naufrage en Méditerranée et d’emprisonnement à cause du monopole des trafiquants des routes migratoires et de l’absence des voies légales de la migration.
Des mesures concrètes doivent être mises en place pour sortir de cette impasse qui ne profite finalement qu’aux réseaux de trafic.
Par Ali Zoubeidi