La ville d’Almere, aux Pays-Bas, a été le théâtre d’une vaste affaire d’escroquerie et de fraude fiscale impliquant six personnes, dont un couple d’origine marocaine. Le réseau, composé de membres d’une même famille, est accusé d’avoir détourné entre 33 et 35 millions d’euros auprès de leurs victimes, principalement des clients de leurs entreprises de plomberie et de nettoyage.
Le modus operandi était bien rodé : les entreprises 24/7 Service Loodgieter, Ultimate Cleaning Service et Oualid 24, gérées par les suspects, facturaient des sommes exorbitantes à leurs clients pour des travaux de plomberie. Les employés, environ 80 plombiers, étaient contraints de reverser 85 % de leur chiffre d’affaires et de remettre leurs informations personnelles (Digi-D, carte bancaire, code PIN) aux dirigeants.
Le centre d’appels, basé à Markerkant à Almere, servait de plaque tournante pour coordonner les opérations. Les paiements des clients étaient effectués via des terminaux mobiles liés à des comptes bancaires en Bulgarie, ou directement sur les comptes personnels des suspects. Le nombre exact de victimes reste à déterminer, mais il est probable qu’il se compte en centaines.
Le cerveau présumé de l’opération, un homme de 38 ans, avait quitté Almere pour s’installer au Maroc il y a quelques années, avant d’être rejoint par son épouse, qui gérait le réseau en son absence. Le couple est soupçonné d’avoir transféré des dizaines de milliers d’euros en liquide vers le Maroc, et d’avoir acheté et exporté des voitures de luxe d’une valeur totale d’au moins 800 000 euros.
Lors de l’audience devant le tribunal de Zwolle, le procureur a requis quatre ans de prison, dont six mois avec sursis, contre le couple, et des peines allant de deux à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, contre les quatre autres suspects. Ces derniers clament leur innocence, affirmant avoir été eux-mêmes floués par le principal suspect.
L’affaire met en lumière les pratiques frauduleuses de certaines entreprises du secteur des services, et les difficultés rencontrées par les autorités pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent. Le verdict, attendu cette semaine, devrait permettre de faire la lumière sur l’étendue des responsabilités de chacun et de déterminer les sanctions appropriées.
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