Les élections présidentielles en Algérie ont été suivies d’un concert d’applaudissements de la part des médias nationaux, qui ont unanimement salué leur bon déroulement, affirmant qu’aucun incident majeur n’avait été signalé pendant la journée du vote. Selon ces médias, le processus électoral s’est déroulé dans une transparence totale, reflétant une prétendue « maturité électorale » du peuple algérien, comme l’a souligné Mohamed Charfi, président de l’autorité électorale, l’Anie.
Dimanche, les résultats officiels ont été annoncés, confirmant la réélection d’Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, pour un second mandat avec un score écrasant de 94,65 % des voix. Sur un total de 5,63 millions de votes enregistrés, près de 5,32 millions ont soutenu le président sortant. Cependant, l’Anie n’a pas publié de nouveaux chiffres sur le taux de participation, se contentant de réitérer le « taux moyen de participation » de 48 % annoncé la veille.
Pourtant, plusieurs voix dissidentes, notamment celles de la presse indépendante basée à l’étranger, se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « mascarade électorale ». Ces médias, souvent marginalisés par le régime, ont critiqué la manipulation du scrutin, soulignant des pressions exercées sur les responsables de bureaux de vote pour gonfler artificiellement le taux de participation. Abdelaali Hassani, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a également dénoncé ces violations, remettant en cause la légitimité de cette élection largement marquée par une abstention massive, volontairement cachée par les autorités.
Ces divergences dans le traitement médiatique mettent en lumière une fracture entre la presse locale, sous contrôle étatique, et la presse indépendante, qui continue de dénoncer une réélection orchestrée dans des conditions discutables.
Avec la réélection d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence pour cinq nouvelles années, le peuple algérien se trouve à nouveau sous le règne d’un régime fortement influencé par l’armée. Malgré les critiques croissantes sur la transparence du scrutin et les voix dissidentes dénonçant une manipulation des résultats, le pouvoir en place semble solidement ancré. Cette continuité politique, saluée par une presse nationale sous contrôle, augure de cinq années supplémentaires où le régime militaire continuera de dominer la scène politique, laissant peu de place aux espoirs de changement exprimés par une partie importante de la population.