Une succession symbolique
Né en 1962 dans le camp de réfugiés de Khan Younis à Gaza, Sinwar s’est forgé une réputation de dureté et de fermeté au fil des décennies. Fondateur du service de sécurité Majd dans les années 1980, il a été impliqué dans la traque des Palestiniens accusés de collaboration avec Israël. Ses activités militantes l’ont conduit à passer de nombreuses années en prison, condamné à quatre peines de réclusion à perpétuité en 1988. Cependant, en 2011, il a été libéré dans le cadre d’un échange de prisonniers avec Israël.
Hamas, en choisissant Sinwar à l’unanimité, envoie un signal clair de défi à Israël et ses alliés. Un haut responsable du Hamas a décrit cette décision comme « un message de défi à Israël ». Sinwar, qui figure en tête de la liste des personnes les plus recherchées par Israël, est accusé par les agences de sécurité israéliennes d’avoir orchestré les attaques du 7 octobre 2023, qui ont fait plus de 1 200 morts et 251 otages ramenés à Gaza.
La mort d’Ismail Haniyeh, perçu comme un leader plus pragmatique et ouvert aux solutions diplomatiques, a laissé un vide que Sinwar, avec sa réputation de dureté, est désormais destiné à combler. Javed Ali, un ancien responsable du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a déclaré à la BBC,la corporation de broadcasting britanique, que la nomination de Sinwar pourrait encore compliquer les négociations sur le cessez-le-feu et la libération des otages:
« (Sinwar) est beaucoup plus inflexible et beaucoup plus difficile à négocier ».
Alors que le Moyen-Orient se prépare à une possible escalade des hostilités, la nomination de Yahya Sinwar ouvre un nouveau chapitre incertain dans l’histoire déjà tumultueuse de la région. Les prochains mois révéleront si ce choix conduira à une intensification des conflits ou s’il pourra être l’initiateur pour une solution durable, malgré les sombres prévisions
Le Proche-Orient retient son souffle en attendant une possible riposte de l’Iran et du Hamas, après les frappes attribuées à Israël ayant tué Ismaïl Haniyeh à Téhéran.
Ce n’est pas la première fois que des assassinats ciblés visent les chefs du mouvement islamiste qui les a souvent remplacés assez rapidement.
D’après des analystes, le mouvement a des ressources, repose sur des institutions et l’absence de personnes clés comme Ismaïl Haniyeh ne signifie pas sa fin.
Ce que l’on ne sait de la mort du chef du Hamas dans une frappe attribuée à Israël , c’est que la Maison Blanche , contrairement aux déclarations grossièrement mensongères de Blinken était forcément au courant et ne peut pas avoir appris la nouvelle de l’assassinat du leader du Hamas en même temps que tout le monde !
Le prochain chef politique du Hamas devait probablement être une personnalité installée en dehors de la Cisjordanie occupée ou de la bande de Gaza, notamment parce que le poste nécessite de se déplacer souvent.
Ismaïl Haniyeh avait quitté Gaza en 2019, peu de temps après avoir été élu à la tête du bureau politique du Hamas, déménageant à Doha. Trois noms commençaient à émerger , Maison pas Celui de Sinouar.
Dans les prochains mois, un vote devait venir confirmer le mandat provisoire d’un de ces trois prétendants, ou renouveler la direction.
Khaled Mechaal, l’ex-chef de la branche politique du Hamas Khaled Mechaal avait été l’un des premiers noms cités après la mort d’Ismaïl Haniyeh pour le remplacer. Actuellement à Doha, il vit en exil depuis 1967 (Jordanie, Syrie, et dans d’autres pays).
Ancien leader de la branche politique du Hamas, prédécesseur de Haniyeh, il avait été propulsé à la tête du mouvement après l’élimination par Israël du fondateur du mouvement islamiste, Ahmed Yassine, puis de son successeur dans les territoires palestiniens, Abdelaziz Al-Rantissi.
Khaled Mechaal a lui-même survécu à une tentative d’assassinat en 1997 à Amman par des agents du Mossad, le service de renseignement israélien.
Il fait quasiment l’unanimité au sein du Hamas, du moins plus que tous les autres. Bien moins proche de l’Iran, après avoir critiqué le régime de son allié syrien, il pourrait changer la politique du Hamas, à l’extérieur comme à l’intérieur.
Khalil al-Haya, un proche du chef du Hamas à Gaza
Chef adjoint du bureau politique régional du Hamas à Gaza, Khalil al-Haya est réputé pour être proche de Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, accusé par Israël d’être l’un des cerveaux de l’attaque du 7 octobre.
En 2006, Khalil al-Haya dirigeait le bloc parlementaire du Hamas, tout juste sorti victorieux de législatives qui ont dégénéré en affrontements armés avec le mouvement Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. Fervent partisan de la lutte armée,
il a perdu plusieurs membres de sa famille lors d’opérations militaires israéliennes, notamment en 2007, sur sa maison du nord de la bande de Gaza. Et il a lui aussi déjà survécu à une tentative d’assassinat.
Moussa Abou Marzouk, l’un des fondateurs du mouvementMembre important du bureau politique, Moussa Abou Marzouk passe la plupart de son temps entre Gaza, l’Egypte et le Qatar. Il est considéré comme similaire à Haniyeh dans son approche pragmatique des négociations. Il s’est par exemple exprimé en faveur d’un « cessez-le-feu de longue durée » avec Israël, et il est favorable à une acceptation des frontières palestiniennes dessinées après la guerre israélo-arabe de 1967, ce qui reste controversé au sein du mouvement.
Dans les années 1990, il vivait aux Etats-Unis où il a été arrêté, accusé de lever des fonds pour la branche armée du Hamas. Il a ensuite vécu en exil. Son nom a souvent circulé pour la succession de l’un ou l’autre chef du Hamas, sans succès jusqu’ici.