Le suspense plane en Algérie alors que la présidentielle anticipée, prévue pour le 7 septembre, approche à grands pas. Dans une interview télévisée, le président Abdelmadjid Tebboune a évité de clarifier sa candidature à un deuxième mandat, laissant ainsi planer le doute sur son intention de se représenter.
L’annonce de l’anticipation de l’élection présidentielle, effectuée le 21 mars sans explications officielles, a suscité des interrogations quant aux motivations de ce changement de calendrier. Pourtant, le chef de l’État a affirmé que cette avancée de trois mois était «purement technique», sans entrer dans les détails.
Interrogé sur sa candidature lors de l’interview télévisée diffusée sur la télévision nationale, Tebboune a esquivé la question en déclarant : «Je ne vais pas répondre, car avant l’heure ce n’est pas l’heure». Il a toutefois exclu tout conflit au sommet de la hiérarchie concernant son maintien ou son départ de la présidence.
Âgé de 78 ans, Tebboune, qui avait été hospitalisé en Allemagne après avoir contracté le Covid fin 2020, reste évasif sur ses intentions politiques. Il a déclaré qu’il n’était pas encore le moment de prendre une décision, malgré les appels à un deuxième mandat et les conseils de son entourage de se reposer après 55 ans de service pour la patrie.
La dernière présidentielle, qui s’est déroulée le 12 décembre 2019, a été marquée par une forte abstention malgré la victoire de Tebboune avec 58% des voix. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril 2019 sous la pression de l’armée et du mouvement de contestation populaire, le Hirak.
Dans cette période d’incertitude politique, Tebboune a également annoncé de nouvelles hausses des salaires des fonctionnaires, affirmant vouloir doubler les salaires d’ici 2026/2027. Il s’est montré optimiste quant à la croissance économique de l’Algérie, projetant un PIB dépassant les 400 milliards de dollars à mi-2026.
Cependant, selon le journaliste algérien exilé en France, Semmar Abdou, met en lumière la stagnation politique en Algérie, caractérisée par un manque flagrant de débat et de contestation suite à l’annonce de l’élection présidentielle anticipée. Il met en garde contre les conséquences d’une gouvernance irrationnelle qui pourrait découler de cette léthargie politique persistante. Appelant à l’action pacifique, il exhorte le peuple algérien à exercer des pressions pour sortir le pays de cette torpeur politique et à prendre part activement au processus démocratique. Son analyse souligne l’urgence de revitaliser le débat public et de promouvoir une participation citoyenne plus active pour garantir un avenir politique plus transparent et inclusif en Algérie.
Semmar souligne les conséquences potentielles d’une gouvernance irrationnelle et appelle à des changements significatifs dès 2024 pour éviter une crise économique et politique majeure en 2026. Si l’Algérie persiste dans sa politique économique actuelle sans entreprendre des changements significatifs dès cette année 2024, elle s’expose à des menaces structurelles majeures qui la plongeront dans une zone de turbulences économiques et politiques. Avec une population estimée à 49 millions d’habitants à cette époque et une économie encore dépendante des hydrocarbures, le pays sera confronté à une croissance économique limitée, des importations en hausse et des exportations en baisse, engendrant un déséquilibre financier criant. Cette situation pourrait conduire à une inflation galopante, un chômage massif, une aggravation de la pauvreté, une instabilité sociale et politique, ainsi qu’à des risques accrus de crises externes et de changements climatiques. Il est impératif d’agir dès maintenant pour éviter un scénario aussi sombre en 2026.