Le désormais ex-ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a été écarté du gouvernement par le président Abdelmadjid Tebboune ce jeudi 16 mars. Ce dernier a été remplacé par Ahmed Attaf, un autre revenant à la tête du ministère des Affaires étrangères, connu pour avoir prôné l’ouverture des frontières maroco-algériennes à travers un dialogue bilatéral. La mise à l’écart brutale de Lamamra est facilement explicable selon les observateurs, victime à la fois de l’échec de la diplomatie algérienne qu’il a enlisée davantage, et de ses prétentions présidentielles à l’approche de la fin du mandat de l’actuel locataire de la Mouradia. Ramtane Lamamra avait été rappelé en juillet 2021 par le duo Tebboune-Chengriha avec pour objectif de redonner vie à la diplomatie algérienne et de contrer le Maroc sur le dossier du Sahara, sur lequel le Royaume venait de marquer des points décisifs durant les deux derniers mois de 2020. Mais en 20 mois à la tête de la diplomatie algérienne, le bilan de Lamamra a été plutôt catastrophique, n’ayant pas réussi à freiner la dynamique de la diplomatie marocaine sur le dossier du Sahara.
En conseillant, et annonçant lui-même, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, il avait ouvert les hostilités diplomatiques avec le Maroc, en attendant que d’autres mesures suivent, comme la fermeture de l’espace aérien aux avions marocains et l’arrêt de la fourniture de gaz naturel au Royaume, à travers la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe. Ces décisions, qui lui servirent de baptême de feu choc, ont été justifiées par un long argumentaire farfelu remontant jusqu’à 1963 qui n’a servi qu’à mettre l’Algérie dos au mur face à la communauté internationale. Son échec le plus cuisant a été lors du Sommet de la Ligue arabe d’Alger en novembre dernier, lorsqu’il a refusé d’accueillir, ne serait-ce que durant une minute, son homologue marocain, Nasser Bourita, venu représenter le roi Mohammed VI à ce sommet.
Ahmed Attaf, qui le remplace, est un revenant, ayant déjà été ministre des Affaires étrangères sous les présidents Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika, de janvier 1996 à décembre 1999.
Toutefois, l’ambition présidentielle de Ramtane Lamamra est également une explication plausible de son limogeage. Avec la junte militaire qui se tâte quant au deuxième mandat de Abdelmadjid Tebboune, il est possible que Lamamra, qui bénéficie de solides appuis dans les cercles de pouvoir algériens, soit considéré comme un potentiel successeur. Cependant, le fait que Lamamra ait pu évoquer cette ambition auprès de personnalités étrangères, sans en informer le président algérien, montre un manque de loyauté envers son employeur et peut expliquer en partie sa mise à l’écart.
Au final, cette décision de Tebboune peut être perçue comme une tentative de resserrer les rangs de son gouvernement autour de ses fidèles, plutôt que de compétences qui peuvent lui faire de l’ombre. Toutefois, cela risque de nuire au peuple algérien, qui a besoin de ministres compétents pour répondre à ses besoins. La diplomatie algérienne doit trouver un nouveau cap pour relever les défis auxquels elle est confrontée, et cela nécessite des dirigeants capables de travailler avec le Maroc et les autres pays voisins pour atteindre des solutions durables.