Les dynamiques familiales au Maroc connaissent des bouleversements majeurs, comme en témoignent les récentes statistiques de la Haute Commission de la Planification.
En premier lieu, le divorce est en nette augmentation dans le royaume. Les divorces par consentement mutuel ont vu leur nombre s’accroître, passant de 16 280 cas en 2020 à 22 577 en 2022. Plus frappant encore, les divorces pour discorde représentent en 2022 près de 99,1% du total, avec 60 592 cas enregistrés. Les autres types de divorces ne forment qu’une infime portion, avec 0,9% soit 555 cas, selon le rapport « La femme marocaine en chiffres 2023 ».
Ces chiffres, dévoilés lors de la Journée Nationale de la Femme, ont également souligné une tendance inquiétante : en milieu urbain, le taux de divorce est particulièrement élevé chez les personnes âgées de 45 à 49 ans, atteignant 77,6% pour les femmes et 22,4% pour les hommes.
Par ailleurs, l’année 2022 a vu l’enregistrement de 251 847 contrats de mariage. Ces contrats concernent majoritairement des couples adultes avec 162 551 cas. Viennent ensuite 64 890 mariages autonomes de femmes, 14 971 mariages impliquant des mineures et 874 mariages polygames.
Cependant, ces statistiques ne nous disent pas tout. Derrière ces chiffres se cachent des réalités complexes. Le mariage, fondement sociétal, est souvent freiné par des obstacles tels que le chômage ou le manque de ressources financières. Ces difficultés matérielles, couplées aux pressions sociales et autres craintes, rendent la concrétisation du mariage ardue.
Quant au divorce, ses causes sont multiples. Bien sûr, l’instabilité financière est un facteur prédominant, engendrant tensions et disputes. Mais d’autres éléments, comme les différences culturelles, l’infidélité, l’absence de communication ou encore les conflits liés à la belle-famille et à l’éducation des enfants, jouent également un rôle crucial. Ces raisons, parmi tant d’autres, fragilisent les couples, conduisant à la désunion.
Le Maroc, confronté à des défis relationnels semblables à d’autres nations, voit ses fondations familiales ébranlées par les mutations sociétales et économiques. Ces bouleversements mettent en exergue les interrogations autour de la solidité et la longévité des engagements matrimoniaux à venir. La moudawana de la famille, actuellement en révision, suscite davantage d’interrogations. L’incidence de cette réforme sur le taux de divorce est au cœur des préoccupations. Les chiffres actuels, déjà alarmants, laissent présager une potentielle amplification des ruptures conjugales. L’avenir des familles marocaines mérite une observation minutieuse, reflétant les dynamiques changeantes de notre époque.