En dépit des efforts déployés, les abus à l’égard des saisonnières marocaines travaillant dans les exploitations agricoles espagnoles persistent, jetant une lumière crue sur les conditions de travail précaires qu’elles endurent. Récemment, une entreprise du secteur des fruits rouges a été pointée du doigt par ses ouvrières marocaines, qui ont osé réclamer leurs droits, seulement pour se voir menacées d’expulsion vers le Maroc.
Cette affaire soulève la question de savoir s’il s’agit d’un incident isolé ou d’une répétition du scandale précédent concernant l’exploitation des journalières marocaines dans les fermes andalouses. Selon un enregistrement audio diffusé par les médias espagnols, un patron d’une exploitation agricole dans la région de Huelva a proféré des menaces à l’encontre des travailleuses saisonnières marocaines qui osaient dénoncer leurs conditions de travail inacceptables.
Les témoignages des ouvrières agricoles recrutées au Maroc dans le cadre du programme de migration circulaire mettent en lumière plusieurs manquements de la part de leur employeur. Parmi ceux-ci, une violation flagrante d’une ordonnance régulant la gestion collective des contrats pour l’exercice 2024, garantissant un travail de 39 heures par semaine et le salaire correspondant, ainsi que le logement fourni par l’employeur. Cependant, certains entrepreneurs ignorent cette obligation, arguant du manque de récolte pour justifier l’absence de rémunération, alors même que les contrats exigent que les travailleuses reçoivent leur dû.
De plus, alors que les logements devraient être fournis par l’exploitation, ces entrepreneurs font payer le gîte à leurs ouvrières, qui se retrouvent souvent hébergées dans des conteneurs « réaménagés » sur les lieux de travail pour être disponibles à tout moment.
Selon plusieurs associations, ces heures non rémunérées représentent une fraude estimée à plus de 100 millions d’euros par an de la part des entreprises productrices de fruits rouges.
Depuis le début de l’année 2024, 10 000 femmes ont déjà migré vers l’Espagne pour la saison de récolte, un chiffre qui devrait atteindre 16 000 ouvrières marocaines au total pour cette saison agricole.
Cette situation met en évidence les défis persistants auxquels sont confrontées les saisonnières marocaines travaillant en Espagne et soulève des questions sur l’efficacité des mécanismes de protection et de régulation en place.