Le système de santé marocain est aux prises avec une crise silencieuse mais grandissante : l’exode massif de ses professionnels de la santé. Selon un nouveau livre publié par la Fondation des Enseignants-Médecins Libéraux (FEML), cette tendance pose un risque considérable pour la stabilité du système de santé, surtout avec la généralisation de la couverture médicale.
Dans « Exode des compétences médicales au Maroc : Menaces ou opportunités ? », l’auteur et secrétaire général de la FEML, Pr Mouhcine El Bakkali, explore les causes de cette migration et propose des solutions durables. Les chiffres sont préoccupants : chaque année, environ 600 médecins marocains choisissent de s’installer à l’étranger. Cet exode, alimenté par des raisons allant de la recherche d’épanouissement professionnel et personnel à des motivations financières, creuse un déficit de plus de 30 000 médecins et 60 000 personnels infirmiers.
Étrangement, une loi autorisant les médecins étrangers à exercer au Maroc n’a pas réussi à inverser la tendance. Peu de temps après son entrée en vigueur, moins de dix demandes d’installation de médecins étrangers ont été enregistrées.
Tout aussi inquiétant, le livre met en lumière une autre forme d’exode : celui des médecins du secteur public vers le secteur privé. Le rejet des conditions de travail et de rémunération, ainsi que des problèmes familiaux, sont parmi les facteurs qui dissuadent les professionnels de la santé de rester dans le secteur public.
Bakkali suggère des solutions inspirées des modèles anglo-saxons. Il propose de limiter la durée du mandat des chefs de service, de réviser les conditions de travail à temps plein, d’offrir plus de possibilités de spécialisation et d’ouvrir davantage de postes d’agrégation à l’échelle nationale.
Pour empêcher l’exode des jeunes médecins, il préconise une politique proactive de motivation et de sensibilisation, y compris des débats avec des médecins déjà établis et des témoignages de ceux qui ont choisi de revenir exercer au Maroc.