La Cour internationale de Justice a récemment rendu une décision cruciale concernant le conflit entre Israël et la bande de Gaza, suscitant de nombreuses interrogations et analyses quant à l’engagement des parties et aux évolutions de cette question sur la scène internationale.
Selon cette décision, Israël est appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher et garantir l’absence de génocide dans la bande de Gaza, avec des actions visant à améliorer la situation humanitaire, et elle doit présenter un rapport dans un délai d’un mois. Cette décision a été saluée par le mouvement Hamas, qui l’a qualifiée de révélatrice des crimes du sionisme, tandis que l’Union européenne a affirmé que cette décision lie Israël. Dans le même temps, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a souligné la poursuite de la guerre.
Réactions et Analyses
Jamel El Choubki, ambassadeur de l’État de Palestine auprès du Royaume du Maroc, a qualifié la décision d' »historique », justifiant cela par le fait que « Tel Aviv est maintenant mise en accusation et soumise à une série de mesures importantes ». Il a souligné un « parti pris clair en faveur d’Israël dans la guerre de Gaza », dénonçant des sanctions contre la Palestine sans preuves, tandis que Tel Aviv commet des massacres quotidiens sans être tenu responsable.
Concernant l’engagement d’Israël envers la Cour internationale de Justice, El Choubki a déclaré qu’Israël essaie toujours de se placer au-dessus du droit international après avoir assuré son veto américain au Conseil de sécurité.
Il a ajouté que la Cour internationale de Justice doit surveiller Israël quotidiennement jusqu’à ce qu’il soit condamné pour génocide, soulignant que les décisions de la Cour doivent être respectées par Tel Aviv, ce qui conduira à l’arrêt de l’agression, en particulier parce que la guerre n’oppose pas deux armées, mais plutôt une puissance et un faible.
L’ambassadeur palestinien a conclu en affirmant que, pour les Palestiniens, il ne reste actuellement qu’à chercher, avec le soutien de la communauté internationale, à poursuivre l’occupation israélienne et à la condamner afin de réaliser leurs revendications humanitaires.
Décision contraignante et Israël contraint à son application
Rachid Baji, expert en relations internationales, a expliqué que l’article 92 de la Charte des Nations unies considère la Cour internationale comme l’organe judiciaire principal des Nations unies et que son système de base fait partie de la Charte.
Baji a souligné que la Cour statue conformément aux dispositions du droit international dans les litiges entre États et fournit des avis consultatifs sur des questions juridiques qu’on lui soumet. Il a précisé que, pour la plainte présentée par l’Afrique du Sud, il ne s’agissait pas d’une simple consultation, mais d’un examen d’une action concernant le génocide, qui relève du droit international humanitaire.
Le porte-parole a souligné qu’après l’acceptation de la plainte (Israël a demandé son rejet), la Cour internationale de Justice a ordonné à Israël de prendre des mesures pour prévenir le génocide à Gaza et l’incitation à celui-ci. En lisant ce paragraphe, il est évident que la Cour a reconnu qu’il y avait un génocide et a demandé des mesures pour le prévenir, ce qui constitue une victoire juridique et morale pour le peuple palestinien, une défaite pour la propagande israélienne qui n’a cessé de promouvoir son droit à la légitime défense, un argument qui a été réfuté par la Cour internationale de Justice.
Concernant l’obligation de cette décision, l’expert en relations internationales a souligné que les décisions de la Cour internationale de Justice, conformément à l’article 60 de sa charte, sont contraignantes et finales. Ainsi, Israël est obligé de mettre en œuvre ce que la Cour a décidé. Il a néanmoins signalé un problème d’exécution car la Cour ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire respecter ses décisions, révélant que l’article 94 de la Charte des Nations unies a donné au Conseil de sécurité, à la demande de la partie lésée, le droit d’émettre une résolution sur les mesures à prendre pour exécuter cette décision, ce qui pose un autre problème complexe en ce qui concerne la possibilité de l’utilisation du veto américain contre une décision de ce type, bien que le débat à ce sujet soit prématuré.
Selon Baji, les conséquences de cette décision incluent le démembrement de l’alliance qui soutenait Israël dans sa guerre contre Gaza, sous prétexte de son droit à légitime défense et à l’existence. Cela se base sur la croyance que la doctrine du mouvement de résistance palestinien est de démanteler Israël et de libérer toutes les terres occupées avant la Nakba de 1948. Ce changement d’orientation affectera l’image qu’Israël a tenté de peindre d’elle-même et de qualifier la partie palestinienne de terroriste, la plaçant dans les semaines à venir devant une féroce bataille diplomatique pour dissuader ses alliés de prendre une position neutre, en particulier les pays européens, les États-Unis et le Canada.
Le porte-parole a conclu en déclarant qu’avec cette décision, quelles que soient les déclarations émotionnelles des responsables israéliens, la réalité politique va changer et Israël sera contraint de changer sa manière de gérer la guerre. Même s’il la suspend réellement à court terme, il pourrait changer sa forme d’une invasion totale à des opérations ciblées, car la partie américaine, qui la soutient sans condition, se retrouvera confrontée à un usage du droit de veto au Conseil de sécurité face à l’opinion publique américaine et mondiale, forte et opposée au génocide à Gaza.