Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a reçu aujourd’hui, mardi à Rabat, l’envoyé du président du Conseil présidentiel libyen, Sami al-Manfi, porteur d’une lettre adressée à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes al-Manfi.
Simultanément, l’Agence Maghreb Arabe Presse a rapporté, citant une source proche du Conseil présidentiel libyen, son rejet, « en totalité et en détail, de toute tentative visant à créer un cadre alternatif remplaçant l’Union du Maghreb Arabe ».
Selon l’Agence de presse officielle marocaine, la source libyenne a souligné « le besoin urgent de renforcer ce groupe régional établi par les pays de la région en 1989 à Marrakech ».
Cela fait suite aux efforts continus du régime algérien pour créer un bloc maghrébin regroupant l’Algérie, la Tunisie et la Libye, excluant le Maroc, tandis que la Mauritanie s’est désolidarisée de cette entité, dans un contexte de paralysie de l’Union du Maghreb Arabe annoncée en 1989.
Hier, lundi, un sommet tripartite s’est tenu au palais de Carthage à Tunis, entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, avec la participation du président tunisien Kaïs Saïed, du président algérien Abdelmadjid Tebboune, et du président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed al-Manfi.
Reconnaissance des efforts du Maroc
L’ambassadeur Abou Bakr Ibrahim al-Tawil, chargé d’affaires de l’ambassade libyenne au Maroc, a déclaré dans une déclaration à la presse à la suite de la réception par Bourita de l’envoyé du président du Conseil présidentiel libyen, Sami al-Manfi, que cette visite vient confirmer l’excellence des relations fraternelles entre la Libye et le Maroc.
Le diplomate libyen a exprimé les remerciements de son pays au Maroc pour son soutien constant et permanent, sous la direction du Roi, à la cause libyenne, qui se manifeste à travers plusieurs accords conclus, notamment les accords de Skhirat, Bouznika et Tanger, selon ce qu’a rapporté la MAP.
Il a souligné que le Royaume du Maroc avait contribué efficacement au règlement de la crise libyenne et avait apporté son soutien total à la conclusion d’une série d’accords, notant que l’accord de Skhirat de 2015 reste la pierre angulaire et la référence pour le règlement de la question libyenne.
L’ambassadeur libyen a ajouté que cette visite s’inscrit également dans le cadre des efforts visant à renforcer l’Union du Maghreb Arabe afin de réaliser les aspirations des peuples de la région à davantage de stabilité et de prospérité, mettant en avant le rôle actif joué par le Maroc en faveur de l’intégration maghrébine.
Les mouvements de l’Algérie
Tebboune avait récemment évoqué lors d’une interview télévisée, fin mars dernier, le projet de bloc maghrébin que son pays envisage de lancer avec la Tunisie et la Libye, soulignant qu’il s’agira d’un bloc pour « revitaliser l’action maghrébine commune » et de coordonner les efforts en vue « d’unifier la parole » de ces pays sur de nombreuses questions internationales.
Malgré les assurances de Tebboune voulant déclarer que son entité n’est dirigée contre aucun pays et n’est pas une alternative à tout autre bloc, de nombreux observateurs ont considéré cette démarche comme une tentative de « division de la région et de contrecarrer le rêve du Grand Maghreb ».
Au début du mois de mars dernier, les dirigeants de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye avaient annoncé un « partenariat stratégique », avec l’engagement de tenir des sommets périodiques pour aborder les défis sécuritaires et économiques entre les trois pays.
Le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed al-Manfi, avait appelé à la revitalisation de l’Union du Maghreb Arabe et à la reprise de ses réunions, affirmant que son pays ferait de son mieux pour atteindre cet objectif, selon un communiqué publié par son bureau de presse il y a quelques semaines.
Il convient de mentionner que le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani était absent au début de mars dernier d’une réunion à Alger, à laquelle participaient Tebboune, Saïed et al-Manfi, ce qui a été interprété comme une distance de Nouakchott par rapport à ce qui « se trame contre le Maroc », mais Tebboune a tenté de le rallier, l’informant du contenu de la réunion, selon un communiqué de la présidence mauritanienne.
De son côté, Mustapha Rahab, universitaire et expert en relations Maghrebines, a indiqué que « la participation de la Libye à ces deux réunions, comme l’a déclaré le président du Conseil présidentiel, avait pour but de discuter des questions liées à la lutte contre le terrorisme, aux questions de sécurité et au problème de l’immigration illégale, et non pas de participer à la formation d’un corps alternatif à l’Union du Maghreb Arabe », soulignant que « le Conseil présidentiel a mal évalué la position des organisateurs de ces réunions et a également tardé à informer le Maroc de l’intention de la Libye de participer à ces réunions. Par conséquent, l’envoi de l’envoyé au Maroc vise à corriger cette erreur que nous espérons ne pas se reproduire ».
Le même universitaire libyen a noté que « toutes les tentatives visant à affaiblir l’Union des pays maghrébins ne réussiront pas face à la détermination du peuple marocain à continuer cette entité, dont les fondements remontent à la réunion de Tanger à la fin des années cinquante du siècle dernier, et dont les objectifs comprennent la réalisation du rêve des jeunes maghrébins en unité et en union ».