L’ancien président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz, au pouvoir de 2008 à 2019, est dans le viseur de la justice. Le parquet anti-corruption a récemment sollicité une peine de 20 ans de prison à son encontre. Arrêté et placé en détention préventive depuis janvier 2023, l’ex-chef d’État, ainsi que plusieurs anciens cadres de son administration et des proches, font face à des accusations de corruption, de blanchiment d’argent et de trafic d’influence.
À Nouakchott, la capitale, les opinions sont partagées. Mohamed Mahmoud ould Tolba, membre actif d’un mouvement anti-corruption, souligne une nette incohérence entre l’accumulation des richesses de l’ex-président et ses sources de revenus officielles. Il rappelle également les turbulences ayant marqué la gouvernance nationale depuis 1978.
De son côté, le journaliste Mohamed Nezirou se dit convaincu de la pertinence du réquisitoire, le considérant en adéquation avec les faits dévoilés durant le procès, des faits mettant en lumière une gestion douteuse des affaires étatiques.
Toutefois, tous ne partagent pas cette perspective. Un autre journaliste a critiqué vivement ce qu’il qualifie de « mise en scène judiciaire », percevant le procès comme une tentative de régler des comptes politiques. Il a manifesté une certaine réserve. Il s’interroge sur l’absence de poursuites à l’encontre d’autres responsables du régime précédent, qui continuent d’occuper des postes-clés sous la présidence actuelle de Mohamed Cheikh el Ghazouani.
Cette affaire met en lumière les profondes divisions et les questionnements persistants autour de la gouvernance en Mauritanie.
L’affaire de l’ex-président Aziz démontre la complexité de la politique mauritanienne et l’éternelle lutte contre la corruption. Les divergences d’opinions à Nouakchott reflètent une nation en quête de vérité et de justice, tout en naviguant dans les eaux troubles des jeux de pouvoir et des intérêts personnels. Une chose est certaine : la Mauritanie est à un tournant décisif de son histoire judiciaire et politique