Dans un contexte de reconfiguration géopolitique au Sahel, le Maroc se positionne comme un acteur clé, offrant un partenariat respectueux et mutuellement bénéfique aux États de la région. C’est ce que souligne Ali Ansari, président du Centre Tombouctou des Études, dans une récente interview. Alors que le Premier ministre du Niger, Ali Mahamane Lamine Zeine, entame une visite de deux jours au Maroc, il est clair que les enjeux de cette rencontre dépassent les simples échanges diplomatiques.
Le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier dernier a ouvert de nouvelles perspectives pour ces nations, les poussant à rechercher des partenaires alternatifs pour assurer leur approvisionnement en produits essentiels. Cette démarche a notamment été motivée par les besoins pressants en médicaments, exacerbés par les sanctions économiques imposées par le Nigeria au Niger.
Dans ce contexte, le Maroc émerge comme un partenaire prometteur. Le Mali, tout comme le Niger, voit en lui un acteur régional capable de répondre à ses besoins urgents. Cependant, les relations entre le Niger et l’Algérie restent tendues, le premier se rapprochant davantage du maréchal libyen Khalifa Haftar, ce qui ne plaît guère à Alger.
Pour Ali Ansari, cette situation offre une opportunité unique au Maroc de renforcer son influence au Sahel, à condition de ne pas répéter les erreurs commises par la France et l’Algérie par le passé. Au lieu de chercher à imposer leur domination, les acteurs régionaux doivent privilégier des partenariats respectueux et équitables. C’est cette approche que le Maroc semble adopter, tirant profit de la prudence dans ses actions et des relations construites sur la base du respect mutuel.
En effet, la stratégie marocaine commence à porter ses fruits. Le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad ont déjà exprimé leur intérêt pour l’initiative lancée par le roi Mohammed VI visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique. Cette démarche témoigne de la volonté des nations sahéliennes de diversifier leurs partenariats et de s’engager dans une coopération plus constructive.
Ainsi, le Maroc se profile comme un leader émergent au Sahel, offrant une alternative aux approches paternalistes du passé. En favorisant des relations basées sur le respect et la coopération, le royaume chérifien ouvre la voie à une nouvelle dynamique régionale, où les nations sahéliennes sont des acteurs à part entière de leur propre destinée.