Le Maroc, un acteur clé dans la gestion des flux migratoires vers l’Europe, joue un rôle croissant dans la régulation de cette problématique, respectant scrupuleusement ses engagements envers l’Union Européenne. Récemment, un changement notable s’est opéré dans les itinéraires empruntés par les migrants illégaux d’Afrique subsaharienne, désormais orientés vers la Mauritanie et le Sénégal dans l’espoir d’atteindre les îles Canaries, un phénomène ayant connu une augmentation significative ces derniers temps.
Mohamed El Nashnash, ancien président de l’Organisation Marocaine des Droits Humains, souligne que le Maroc, de par sa proximité avec l’Espagne, a toujours été un point de transit majeur via Gibraltar. Cependant, les accords avec l’UE et les bonnes relations avec l’Espagne ont conduit le Maroc à renforcer la surveillance et limiter l’immigration illégale via Ceuta et Melilla.
Cette nouvelle dynamique migratoire a poussé les migrants à privilégier une route méridionale passant par le Sénégal et la Mauritanie. Hassan Blouan, spécialiste des relations internationales, note que les îles Canaries sont devenues un hub majeur de l’immigration africaine, à l’instar de Lampedusa en Italie. Cette tendance s’explique par un renforcement des contrôles migratoires dans la Méditerranée occidentale et la dégradation des situations politiques et sociales dans la région du Sahel.
Le Maroc se positionne donc en avant-garde dans la lutte contre l’immigration illégale vers l’Espagne et envisage d’étendre son influence pour réduire les flux vers les îles Canaries. Cette stratégie impliquerait de nouvelles accords respectant les frontières maritimes internationales du Maroc, tout en veillant à ce que la gestion de l’immigration atlantique ne devienne pas un fardeau supplémentaire pour le pays, déjà impliqué dans des opérations de sauvetage de migrants.