Le rapport annuel de la Cour des comptes pour la période 2022-2023 met en lumière une série de retards et de contraintes qui entravent la mise en œuvre du Plan national de l’eau au Maroc, contribuant ainsi à la situation critique actuelle en matière de ressources hydriques.
La pénurie d’eau, exacerbée par des années consécutives de sécheresse, aurait pu être atténuée si les projets de construction de grands barrages, d’interconnexion des bassins hydrauliques et d’amélioration du rendement des réseaux de distribution d’eau potable avaient été réalisés dans les délais impartis. C’est le constat dressé par la Cour des comptes, soulignant que ces retards ont entraîné des pertes considérables d’eau, accentuées par un déficit pluviométrique sévère nécessitant une utilisation excessive des eaux souterraines.
Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a déclaré que pour la période de septembre 2023 à janvier 2024, les précipitations ont enregistré un déficit de 70% par rapport à la moyenne, avec des chiffres variant de 2 à 148 mm.
Le taux de réalisation des grands barrages, prévu pour la période 2010-2020, n’a atteint que 53%, avec seulement 16 des 30 barrages planifiés construits. Les retards sont attribués à des facteurs tels que la lenteur des procédures d’expropriation et la nécessité de recourir à des marchés complémentaires. Les petits barrages sont également en deçà des objectifs fixés par la Stratégie nationale de l’eau 2009-2030, avec seulement 15% de taux de réalisation.
Les projets d’interconnexion des bassins hydrauliques, destinés à transférer de l’eau du nord au sud, ont accusé un retard de plus de 10 ans dans la réalisation des études. Des modifications ont été apportées pour prendre en compte l’impact du changement climatique, mais le financement de 30 milliards de dirhams n’a pas encore été mobilisé.
En ce qui concerne le rendement des réseaux de distribution d’eau potable, la moyenne nationale est de 76%, en deçà de l’objectif de 80% fixé par la Stratégie nationale de l’eau pour 2020. La Cour des comptes souligne également le manque de contrôle externe sur les déclarations de rendement des réseaux, mettant en doute leur crédibilité.
Le ministère de l’Intérieur a répondu en indiquant qu’il a imposé des audits indépendants et internes aux régies de distribution et aux sociétés de gestion déléguée pour assurer le suivi des recommandations issues des opérations d’audit sur le renouvellement et l’entretien des réseaux de distribution d’eau potable.