Le quartier de l’Agdal peut-être considéré d’emblée comme la plus forte concentration au Maroc , dans le périmètre réduit du bas Agdal, non loin de la salle omnisports Ibn Yassine, la plus forte concentration au mètre carré, de salons de coiffures et massages, de société de location de voitures, d’appartements en location à la nuit ou à la semaine, et d’agents immobiliers informels qui battent le pavé. Visite guidée pour s’en convaincre.
Nul besoin d’aller chercher très loin ou se compliquer l’existence à essayer de dénouer les fils de la toile tissée par les prostitués qui gâchent la vie des familles ayant choisi d’acheter ou louer des appartements dans ce quartier rassemblant dans sa partie supérieur , le haut Agdal, de nombreuses franchises du luxe, des cafés et restaurants aussi bien soignés les uns que les autres, des instituts supérieurs, des centres d’appels ainsi que de nombreux cabinets et bureaux de représentants des professions libérales…
Pourtant à la nuit tombée, c’est une autre faune nocturne qui envahit boulevards, avenues, rues et ruelles: des prostituées jeunes et moins jeunes, maquillées à outrance et vulgairement vêtues, qui prennent place dans les lieux publics à la recherche de clients, généralement venus en nombre des pays du Golfe. Bien que ne portant plus leur habit traditionnel, ces « touristes du sexe » sont vite repérés du fait de leur habitude à se déplacer en groupe et à se rendre fidèlement dans les mêmes cafés qui leur tiennent lieu de quartier-général. Le bouche à oreille étant d’une rare efficacité les prostituées n’ont aucun mal à être informées des arrivages. Il faut dire que dans cette chaîne bien rôdée d’accueil de ces généreux clients existe tout un aréopage d’intermédiaires qui font vivre et fructifier ce commerce de la chair et de la luxure. Il n’est pas rare de trouver au sein d’un même immeuble, des familles quoi de plus respectables, et sur le même palier des filles, très jeunes parfois, occupant un appartement à plusieurs qui leur sert de maison close à toute heure de la nuit dans un mouvement bruyant de va et vient rythmés par des appels téléphoniques au gré des disponibilités des filles et des besoins des clients. Ce phénomène est encouragé, à l’origine, par des propriétaires cupides et peu regardants sur la moralité de leurs locataires.
Dans tels autres immeubles, il est fréquent de trouver curieusement et sur plusieurs étages des salons de coiffure et accessoirement de massage avec hammam et sauna mixtes, jouxtant des agences de locations de voitures peu orthodoxes, tous constitués en réseaux prêts à rendre n’importe quel service à condition d’y mettre le prix. Et si le client décide de changer d’air pour aller à Marrakech, Agadir ou Tanger, il trouvera toujours auprès de ces derniers les coordonnées et adresses de leurs correspondants(tes) dans ces villes. S’ajoutent bien entendu à cette filière, les incontournables chauffeurs de petits taxis bleus qui, depuis l’avènement de la téléphonie mobile, font preuve également d’un zèle à toute épreuve et d’une disponibilité remarquable 24 heures sur 24.
Un système bien huilé, bien rémunéré et surtout bien structuré, puisque ces clients du golfe se font un devoir à leur retour dans leur pays, de transmettre à leurs amis, le contenu de leur portefeuille relationnel marocain.
Voilà donc un quartier résidentiel sensé abriter des familles qui ont fait le pari il y a plusieurs années, de venir résider à l’Agdal en croyant avoir fait le bon choix: cadre de vie agréable et moderne, bon placement, voisinage respectable …Aujourd’hui, c’est tout le contraire qui se produit avec une promiscuité entachée d’endroits peu recommandables où les familles hésitent d’aller de peur d’être confrontés avec leurs enfants à la vue de prostitués michetonnant sans retenue. A valeur d’aujourd’hui, ce sont plusieurs anciens habitants du secteur qui ont déménagé vers Hay Ryad, épargné encore par ce fléau, après avoir littéralement bradés leurs biens immobiliers à l’Agdal.
Les multiples plaintes pour scandales et tapages nocturnes, les faits divers retentissants et parfois sanglants, l’alcool qui coule à flots et l’usage de plus en plus en vogue de drogues dures, l’incitation de mineures à la débauche…tous ces méfaits et bien d’autres, ne semblent pas encore constituer des éléments d’une grande gravité aux yeux des autorités concernées malgré des cascades de plaintes. La corruption et le laisser-aller aidant, les procédures d’expulsion de locataires indésirables restent difficiles à mettre en œuvre, car il faut prouver le flagrant délit ce qui suppose des moyens conséquents et adéquats. Pour dénoncer un simple tapage nocturne, il faut s’armer de patience car le commissariat de police qui assure la permanence vous répondra que ses agents ne se déplaceront sur place que si « le sang a coulé »(sic).
Ainsi va la vie dans un quartier de gens tranquilles au cœur de la capitale, qui ne voient plus arriver la fin de leur calvaire. Leur seul tort est d’avoir cru, en y ayant mis le prix, qu’ils couleraient des jours heureux avec leurs progénitures, dans un cadre propre et sain. Depuis, bon nombre d’entre eux ont déchanté et la prostitution continue de sévir en toute impunité dans le haut et bas Agdal à Rabat. Rabat, capitale du Maroc..