Un rapport sécuritaire détaillé, élaboré par les services secrets algériens, a été récemment soumis à l’État-Major de l’Armée algérienne ainsi qu’au cabinet de la Présidence algérienne. Ce document s’attarde sur les scénarios probables de l’évolution de la crise diplomatique et politique qui secoue les relations entre l’Algérie et le Mali depuis décembre 2023. Selon des sources fiables, ce rapport met en garde les hauts dirigeants algériens contre les répercussions potentiellement désastreuses du rapprochement en cours entre le Mali et le Maroc.
Au cœur de cette inquiétude algérienne, se trouve un projet de coopération majeur entre le Mali et le Maroc : la création d’une voie de liaison entre le Sahel et l’Atlantique via le Sahara Occidental, territoire intégré au Maroc. Ce projet ambitieux, également présenté aux gouvernements du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, vise à dynamiser le développement économique de ces pays enclavés, éloignés des grands axes maritimes. Le rapport algérien perçoit ce plan comme une menace directe aux intérêts nationaux et comme un vecteur d’isolement accru pour l’Algérie dans la région du Sahel.
Face à cette éventualité, le rapport met en exergue le risque d’un renforcement significatif de l’influence marocaine au Mali et au Niger, deux pays frontaliers de l’Algérie. Une telle évolution pourrait entraîner pour l’Algérie des conséquences sérieuses, notamment en matière de sécurité. L’Algérie pourrait se retrouver isolée dans sa gestion des groupes rebelles armés touaregs, tandis que le Mali et le Niger, renforcés par de nouveaux revenus économiques et un appui militaire accru de la Russie, pourraient devenir des acteurs plus puissants dans la région.
Le rapport souligne également le danger d’une expansion des mouvements politiques radicaux vers le sud de l’Algérie, en cas de succès de ce rapprochement maroco-malien. Pour contrer cette évolution, les services secrets algériens recommandent la mise en place rapide de plans d’action visant à restaurer l’influence algérienne sur les élites dirigeantes du Mali et du Niger.
Pour rappel, le projet marocain ambitionne de transformer les économies du Sahel et d’améliorer la vie de ses populations, tout en renforçant la sécurité régionale. Le Maroc propose de mettre à disposition ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, tandis que chaque pays concerné formera une « task force » pour définir ses priorités et préparer la mise en œuvre du plan.
Source : Maroc Intelligence