L’État américain du Missouri prévoit d’exécuter mardi 28 novembre un condamné à mort en l’absence de sa fille de 19 ans, qui n’a pas été autorisée à être témoin de la scène en raison de son jeune âge. Kevin Johnson avait pourtant strictement le même âge quand il a tué, en 2005, un policier blanc dans la banlieue de Saint-Louis, dans le centre des États-Unis.
Condamné à la peine capitale pour ce crime, cet Afro-Américain de 37 ans doit recevoir une injection létale à 18H00 (2h en France) dans le pénitencier de Bonne Terre. À l’approche de l’échéance, ses défenseurs ont intenté une série de recours légaux pour tenter de le sauver, notamment en raison de soupçons de racisme dans la procédure. Sans succès à ce stade.
De même, sa fille Corionsa Ramey n’a pas convaincu les tribunaux qu’une loi du Missouri fixant à 21 ans l’âge minimum pour assister à une exécution était arbitraire et contraire à la Constitution. «J’ai le cœur brisé de ne pouvoir être aux côtés de mon père dans ses derniers moments», a-t-elle commenté après le rejet de sa plainte, vendredi, par un juge fédéral. «Il a été là pour moi pendant toute ma vie, malgré son emprisonnement. C’est un bon père, le seul parent qu’il me reste», a ajouté la jeune femme dans un communiqué.
Selon des documents juridiques, Kevin Johnson avait abattu un policier blanc le 5 juillet 2005, deux heures après la mort de son petit frère de 12 ans d’une crise cardiaque. Il s’était convaincu que la police, présente au moment du décès, en était responsable. Après un premier procès dans lequel les jurés n’avaient pas pu s’entendre sur le verdict, il avait été condamné en 2007 à la peine capitale. Mais le procureur en charge de son dossier – remplacé en 2019 – a été accusé de traiter différemment les accusés noirs et blancs, ce qui a poussé son successeur à ouvrir une unité destinée à corriger de potentielles erreurs judiciaires.
Dans ce cadre, un procureur spécial a été nommé à l’automne pour examiner le dossier de Kevin Johnson. À la mi-novembre, il a demandé à la justice de suspendre l’exécution le temps de conclure son enquête. Son recours, ainsi qu’une requête comparable portée par les avocats de Kevin Johnson, était à l’examen lundi devant la Cour suprême du Missouri. S’il n’aboutit pas, Kevin Johnson sera le 17e prisonnier exécuté depuis le début de l’année aux États-Unis.