La justice marocaine a récemment tranché dans une affaire de corruption d’envergure impliquant d’anciens hauts responsables de sociétés d’État, dans le cadre d’un projet touristique majeur dans le nord du Maroc. La Chambre des crimes financiers du tribunal de première instance de la Cour d’appel de Rabat a prononcé des condamnations sévères à l’encontre d’Anas Alami Houir, l’ex-directeur général de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), et de douze autres individus, dont Ahmed Ali Ghannam, ancien directeur général de la société générale immobilière (CGI).
Ces personnalités étaient accusées de détournement de fonds publics, d’abus de pouvoir et de participation à ces actes dans le cadre du développement du complexe touristique CHEDI GHM à Fnideq. Anas Alami Houir et trois autres co-accusés, dont Ghannam et Abderrahmane El Wazzani d’anciens dirigeants de CDG Capital, ainsi que Décès Emmanuel, de nationalité française et ex-directeur de CDG Capital Real Estate, ont été condamnés à un an de prison ferme et à une amende de 10 000 dirhams.
Neuf autres individus impliqués dans l’affaire ont reçu des peines moins sévères, allant de six mois de prison avec sursis à un an avec sursis, accompagnées d’amendes de 5 000 dirhams. Ces derniers occupaient diverses fonctions, allant d’ingénieurs à directeurs et gestionnaires d’entreprises, en passant par un fonctionnaire du ministère des Habous et des Affaires islamiques et un technicien.
Le dossier a mis en lumière des irrégularités dans la réalisation du projet CHEDI GHM, un complexe touristique censé s’étendre sur 7,2 hectares et jouer un rôle clé dans la stratégie de développement touristique du nord du Maroc. Anas Alami a tenté de justifier les retards du projet par des difficultés d’investissement dans la région, citant les restrictions de circulation pendant l’été et les fortes pluies en hiver. Il a également souligné les difficultés rencontrées par les PME pour respecter le calendrier du projet.
Finalement, le projet a été suspendu définitivement après la réalisation de seulement 5 % des travaux prévus. Les enquêtes ont révélé des violations dans la gestion et la liquidation foncière, des retards dans la réalisation des études et des problèmes de financement. Des irrégularités techniques ont également été constatées dans les contrats passés avec des laboratoires de contrôle et des bureaux d’études.
Cette affaire souligne l’importance de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des fonds publics et des grands projets d’infrastructure, des éléments cruciaux pour le développement économique et social du Maroc.