Dans cette période électorale trouble en France, l’on assiste à une percée de l’extrême droite, mais aussi, et surtout, à une montée des actes racistes. Même les personnalités politiques n’y échappent pas.
La France vit un moment crucial de son histoire politique, voire de son Histoire tout court. Tout a commencé avec les élections européennes, qui se sont soldées par une percée de l’extrême droite. Le Rassemblement National de Jordan Bardella et Marine Le Pen a infligé un revers cuisant au camp du président Emmanuel Macron. Ce dernier a alors réagi par la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives anticipées. Un véritable coup de poker que personne, ou presque, n’a vu venir.
Depuis, les résultats du premier tour sont tombés et, comme le prédisaient les sondages, le RN est arrivé en tête avec environ 33,15% des voix, devançant le Nouveau Front populaire (gauche), qui a obtenu 27,99% des voix. Quant au camp présidentiel (mouvement Ensemble), il n’a engrangé que 20,83% des voix. En passant, au Maroc, à l’image de la 9e circonscription des Français de l’étranger, Karim Ben Cheïkh de l’Union de la gauche a été largement voté (51%), devant Samira Djouadi d’Ensemble avec 15,70%.
Libération des Actes Racistes
Les yeux sont désormais tournés vers le second tour, dimanche prochain, et chaque parti se mobilise. Mais avant, revenons sur l’un des principaux gagnants de cette période électorale qui a connu une montée extraordinaire. J’ai nommé le racisme. En effet, ces dernières semaines, les comportements racistes en France se sont multipliés. En soi, rien de nouveau, mais quand des élus, des figures politiques et publiques, sont attaqués à cause de leurs origines, il y a de quoi s’alarmer.
C’est le cas de Najat Vallaud-Belkacem. L’ancienne ministre française de l’Éducation a été prise à partie par le député sortant RN Roger Chudeau, pour qui la nomination de la Franco-marocaine a été « une erreur, et pas une bonne chose pour la République ». « Najat Vallaud-Belkacem, franco-marocaine, qu’a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d’arabe », a lancé le concerné jeudi dernier sur BFMTV. Et dire qu’il est pressenti pour être ministre de l’Éducation…
Le 28 juin, c’était au tour du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de dénoncer la « libération de la parole raciste ». Le ministre a déclaré sur France Info recevoir depuis plusieurs semaines, « sur les réseaux sociaux ou par lettre » des messages de citoyens l’appelant par son deuxième prénom, Moussa, qui lui a été donné en hommage à son grand-père tirailleur algérien.
Ces actes racistes ne se limitent pas qu’aux politiques. Le journaliste Karim Rissouli, présentateur de l’émission C ce soir sur France 5, a dévoilé sur les réseaux sociaux le contenu d’un courrier raciste et anonyme, reçu à « son domicile » le 25 juin dernier.
« Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. Ce n’est pas le pouvoir d’achat, ce n’est pas la retraite à 60 ans, ce n’est pas la privatisation de Radio France, la seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France », disait la lettre. Sans parler des insultes et des menaces de mort que Rissouli dit recevoir « régulièrement » sur les réseaux sociaux.
L’autre journaliste de France 5, Mohamed Bouhafsi, a lui aussi relayé, le 25 juin des messages racistes que lui envoient des internautes. Sur Instagram, il a dévoilé des insultes visant ses origines. Sélection : « Les maghrébins et africains ne vont jamais s’intégrer chez nous », « sale arabe » ou encore « sale racaille ».
Quelques jours avant, c’est une journaliste marocaine qui a porté plainte contre le célèbre collectionneur français Pierre-Jean Chalençon pour « insultes racistes » lors d’un dîner chez des amis communs. Citant une source policière, 20 Minutes a rapporté que Chalençon, 54 ans, a demandé plusieurs fois à la journaliste : « Pourquoi les Marocains ne pourraient pas s’intégrer en France ? ».
Mais la tension est montée lorsqu’il a été question de Jean-Marie Le Pen, surtout quand la journaliste a évoqué l’antisémitisme attribué au fondateur du RN. « Je t’enc*le ! Les Arabes seront toujours des Arabes, rentre chez toi sale poufiasse » fait partie des insultes qu’elle a reçues de la part du spécialiste de Napoléon.
De nombreux cas similaires ont été reportés au cours des derniers jours en France. Et, malheureusement, ils ne seront probablement pas les derniers…