Selon Schengen News, l’Union Européenne a encaissé 56 millions d’euros grâce aux demandes de visas rejetées sur le continent africain en 2023. Au Maroc, ce sont 136.367 demandes de visas qui ont été rejetées, entraînant une perte de 11 millions d’euros pour les demandeurs. Il est logiquement attendu que les personnes dont le visa a été refusé soient remboursées en totalité ou au moins à hauteur de 75 %.
Ce sentiment de décalage entre l’ambition affichée par les dirigeants européens et la réalité vécue par les Africains a été mis en lumière dans un rapport piloté par l’ancien député français M’Jid El Guerrab en février 2021. Le document de 45 pages critique les pratiques de la politique des visas, en soulignant leur incohérence avec les discours officiels.
En 2017, lors d’un discours à l’Université de Ouagadougou, le président français Emmanuel Macron promettait une révolution de la mobilité pour la jeunesse africaine, visant à repenser les liens entre l’Afrique et l’Europe. Cependant, les experts notent que la politique des visas en pratique s’éloigne considérablement de cette ambition.
En 2023, les statistiques montrent que 704.000 demandes de visas Schengen de ressortissants africains ont été refusées, représentant 56,3 millions d’euros de frais de visa non remboursés. Le Maroc se trouve en deuxième position des pays avec le taux le plus élevé de refus de visas Schengen, avec un taux de refus de 8,3 % des demandes déposées par les Marocains.
Ce manque d’attractivité entraîne une dégradation des relations avec les populations africaines. Jean-Christophe Belliard, ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, s’interroge sur la fuite des intellectuels africains vers des destinations comme l’Afrique du Sud, le Canada et le Royaume-Uni, au détriment de la France. Le rapport souligne que cette politique dissuasive pourrait détourner les Africains de la France au profit de destinations plus accueillantes.
Les dépenses des Marocains pour ces demandes rejetées s’élèvent à 11 millions d’euros. Hicham Alaoui, économiste, souligne que ce montant, bien que significatif pour les individus concernés, est négligeable à l’échelle macro-économique pour un pays comme la France. Il met en avant la nécessité d’analyser les motifs de rejet des visas, souvent soumis à la discrétion des autorités françaises.
Le traitement réservé aux demandes de visas varie selon le pays de départ, et il est indéniable que l’Afrique affiche le taux de refus le plus élevé au monde, avec 27 %, contre des taux bien inférieurs pour les autres continents. Une analyse montre que plus le PIB par habitant est faible, plus le taux de refus est élevé, pénalisant particulièrement les pays africains.
Pour protéger les citoyens marocain, le gouvernement marocain doit exiger des autorités françaises et de ses prestataires, le remboursement des montants versés pour les demandes de visas.